jeudi 11 février 2010

Sous la baguette : le plaisir

Les aventures d’Harry Potter se poursuivent dans le second opus La Chambre des secrets, sorti en 2002.

Le jeune garçon commence sa seconde année à l’Ecole des Sorciers d’Hogwarts, mais il est averti par une mystérieuse créature qu’un grand danger l’y attend. Et en effet, de drôles d’événements vont se produire dans l’école, annonçant cette funeste nouvelle : la Chambre des Secrets, scellée depuis des décennies, vient d’être ouverte…et c’est toute l’Ecole qui tremble.

Harry et ses amis pourront-ils déjouer la malédiction ?

Au-delà des effets spéciaux, de l’aventure, du mystère, de l’univers chatoyant de la sorcellerie selon J.K. Rowling, tous les ingrédients du conte initiatique se retrouvent au cœur de ce second épisode porté au cinéma des aventures d’Harry Potter.

Comme les contes de Perrault ou de Grimm, Harry Potter - La chambre des Secrets est l'histoire d'une initiation, ou comment un petit garçon devient un adulte. A travers une multitude d'indices, de révélations, de métaphores, le jeune spectateur va intégrer consciemment ou inconsciemment des signes qui lui permettront de mieux aborder son propre apprentissage.

Car c’est là que réside le vrai secret d’Harry : homme en devenir, véritable « would-be man » (selon la théorie de Streiter & Langström) qui se débarrasse de sa peau d’enfant, en traversant moult aventures avec tous ceux qui l’entourent.

Citons Ron, le rouquin : il représente bien plus que le buddy partner comique de service : il joue un véritable rôle dans l’apprentissage d’Harry, en personnifiant l’état enfantin que ce dernier est en train de quitter.

Ainsi, Ron a toujours peur, panique pour un rien (quelques araignées de 2 m d’envergure, pffff !), vit un Œdipe difficile avec sa sorcière de maman castratrice, et surtout, SURTOUT, sa baguette magique est CASSEE.
Eh oui, Ron n’est pas prêt à vivre sa sexualité, sa baguette brisée en est l’illustration branlante, et la chute de pierre qui l’empêchera, dans la scène finale, de participer à l’orgasmique climax, témoigne de la différence de maturité entre les deux garçons.

D’ailleurs, si en happy-end, Harry n’hésite pas à serrer dans ses imberbes bras sa petite sorcière bien aimée Hermione, Ron, lui, ne peut que lui tendre la main, paralysé qu’il est à son stade onaniste de base.

Toujours dans le registre de l’adolescence-passage-difficile, évoquons la scène où les deux garçons boivent une potion et se transforment en deux balourds plus âgés, transformation qui va passer comme par hasard par une mutation de leur corps, une mue de leur voix, etc. (non, ce n’est pas sale, c’est normal, c’est ton corps qui change).

Comment alors ne pas évoquer le professeur sorcier Gilderoy Lockhart, interprété avec un sens réjouissant de l’autodérision par le très permanenté Kenneth Branagh ?

En effet, il développe avec Harry un parfait rapport père-fils fondé sur le désir et la haine. Dès leur première rencontre, lors d’une de ses séances de dédicace, le médiatique bellâtre appelle Harry pour qu’ils posent ensemble, avant de lui remettre en guise d’héritage putatif (quoi que ce mot signifie) toute son œuvre. Par la suite, à l’Ecole, Harry se retrouve à aider le professeur à signer des autographes : quel plus beau symbole de transfert affectif ?

Evidemment, en tant que mauvais sorcier, Lockhart est un imposteur, un pleutre, comme tout père, témoignage hypnochestique {(*)} d’un désir de mort du rival.

Car toutes les femmes sont folles de Lockhart, à la grande exaspération du petit Potter qui ne peut affirmer son potentiel de séduction et manifester son désir, ce qui conduit à la case IMPUISSANCE.
Impuissance audacieusement symbolisée par le résultat du traitement infligé à Harry par son professeur pour le guérir d’une blessure au bras : tous les os disparaissent, et le bras d’Harry devient mou et flasque.

Mou et flasque, oui, chers amis, vous avez bien lu. Mais un bras d’enfant, quand même (prometteur).

Ce n’est qu’une fois sa mémoire perdue, et son énergie sexuelle avec, que le professeur va permettre à Harry d’affirmer sa puissance sexuelle, d’assumer sa libido et de pouvoir pénétrer la Chambre des Secrets.

La Chambre des Secrets, parlons-en. Elle est le mystère du film, cachée au cœur de l’école, menaçante, fascinante…et où donc Harry va-t-il la trouver ? Je vous le donne en mille…DANS LES TOILETTES DES FILLES !

Eh oui, le secret qui tarabuste tous les enfants de cet âge se situe bien là ! La fille fantôme qui hante ce lieu n’est-elle pas morte, jadis, en sortant des toilettes, métaphore osée de la peur des premières règles, cette fin de l’innocence qui se termine dans le sang ? De même, les mots écrits en lettres de sang sur les murs de l’école ne sont-ils pas du sang menstruel ?

Si les scènes de début de film symbolisent la frustration d’Harry, prisonnier de sa famille d’adoption, empêché de prendre le train vers l’Ecole et, métaphoriquement, souffrant d’un refoulement freudien classique (avec Dobby dans le rôle du Sur-moi, tant qu’on y est, allons-y, faut pas se gêner), la suite illustre le cheminement psychologique du jeune garçon.

Avant de rejoindre Hogwarts, ne va-t-il pas tomber, par hasard toujours, dans le quartier mal famé de la vieille ville, entre mendiants, voleurs.. et prostituées ? Potter, tu veux brûler les étapes, grand fou !

Replacé dans le droit chemin, Harry va ensuite subir la tentation de l’homosexualité avec le méchant, travesti en éphèbe jouvenceau, qui va presque attirer Harry dans ses rets.
Hagrid, ami à forte pilosité, fantasme d'une improbable virilité, montrera aussi à Harry que la chambre des secrets n’est pas un repère d’araignées géantes, non, cela ne fait pas mal, petit, ce n’est pas là le secret, c’est ailleurs. Pour information, ce repaire obscur d’araignées malfaisantes a été analysé par certains collègues jungiens, voire sexo-neurologistes déviants, comme l’impasse du stade anal (je vous laisse jouir de l’analogie des araignées, c’est délicat).

Au final, Harry, débarrassé de sa frustration, libéré par le transfert d’énergie sexuelle de Gilderoy-Branagh vers lui, va pouvoir pénétrer, après bien des couloirs obscurs et des conduits étroits, l’humide Chambre des secrets.

Là, avec sa grande épée, après un combat contre la tentation du même sexe, il va y choisir sa partenaire érotique privilégiée, la petite Ginny Weasley, en y accomplissant son désir inconscient.

La suite des prochaines aventures d’Harry s’annonce passionnante : il va faire un transfert affectif sur le Professeur Gonnegal-Maggie Smith, après avoir fantasmé sur la voix mâle de Snape-Alan Rickman, va pratiquer le french kiss avec la fée clochette (attention : ne pas l’avaler), avant de connaître son premier rapport bucco-génital avec une des pétasses de Twilight qui passait par là.

Chris Colombus, après les deux Mamans j’ai… et Mrs Doubtfire, ses scénarios de Gremlins et des Goonies, s’affirme une fois de plus comme un cinéaste majeur, sorte de John Hugues des années 90 et 2000, auteur d’une fascinante plongée dans l’inconscient pré-pubère des banlieues des classes moyennes.

(A noter : Sur le DVD, en ghost tracks, les scènes coupées de Ron et Harry sous leur cape d’invisibilité, dans le dortoir des filles…).

{(*) Attention, ce mot est inventé.}


Harry Potter et la chambre des secrets (Chris Columbus, USA, 2002)
Avec : Daniel Radcliffe, Rupert Grint, Emma Watson, Kenneth Brannagh, Alan Rickman...

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